Nous sommes le 9 juin. Il est 21h, heure de Paris. Le président Emmanuel Macron prend la parole et annonce la dissolution de l’Assemblée nationale.

Stupeur. 577 député•es français voient leur mandat prendre fin brutalement. Les élections européennes sont à peine terminées qu’il faut déjà repartir en campagne, pour vingt jours.

20 jours historiques, sans doute parmi les plus importants de la Vème République. À l’issue des élections européennes, l’extrême droite a obtenu près de 36% des voix en France. Cette dissolution a tout d’un cadeau offert à Jordan Bardella et ses alliés : le clan macroniste, persuadé de pouvoir le défaire, pourrait en réalité lui ouvrir la voie vers le pouvoir.

Rappelons en effet que la majorité présidentielle a donné deux postes de vice-présidence au RN à l’Assemblée nationale, qu’elle organise des missions parlementaires avec leur soutien, et que les deux camps ont voté ensemble la « Loi immigration » qui remet en question les valeurs qui fondent notre République.

Jordan Bardella Premier ministre. Inévitable ? Vraiment ?

Qui dit moment historique dit union historique. C’est ainsi que les différents partis de gauche et écologistes ont décidé de s’allier autour d’un programme commun : un programme de rupture, une vision nouvelle de la France. Un programme de justice sociale et environnementale avec la hausse du SMIC, la hausse de 10% du point d’indice des fonctionnaires ou encore le blocage des prix des produits de première nécessité. C’est aussi la réparation de nos services publics, de l’école, impactant directement les Françaises et Français de l’étranger qui ont vu les services consulaires et les mécanismes de soutien (bourses, aides sociales) perdre en moyens année après année sous les gouvernements Macron.

De son côté, le RN, qui vient de dévoiler son programme, marche sur la tête : exclusion des binationaux d’emplois stratégiques ; suppression de l’impôt sur le revenu des médecins et infirmier•es de retour de retraite pour lutter contre les déserts médicaux plutôt que de soutenir l’installation de jeunes médecins et infirmier•es ; un moratoire sur toute nouvelle construction de chantier éolien alors que ces investissements dans la transition énergétique sont aujourd’hui urgents ; la création de « centres spécialisés » pour y accueillir « les élèves perturbateurs »…

Des « solutions » qui n’apporteront rien mais qui surtout, risquent d’aggraver les choses.

Les 30 juin et 7 juillet prochains (29 et 6 pour les Amériques), votre vote sera donc crucial pour notre avenir à toutes et tous, à l’étranger comme en France. Avoir un gouvernement d’extrême droite serait catastrophique. Pour nous, Françaises et Français de l’étranger, l’impact sur les services publics, sur la position de la France à l’international, sur les politiques de visas pour nos familles et ami•es serait dramatique.

Certain•es d’entre nous ont déjà connu un gouvernement d’extrême droite au pouvoir et connaissent le danger pour les droits des femmes, des minorités. Alors une seule alternative : voter pour des député•es qui placent la justice sociale et environnementale au cœur de leur projet.

Mathilde Ollivier

Sénatrice des Françaises et Français de l’étranger. Vice-présidente de la commission des affaires européennes. Membre de la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport.