Du 20 au 28 février 2025, j’ai effectué un déplacement en Allemagne qui m’a conduite successivement à Berlin, Stuttgart (avec des visites à Mannheim et Heidelberg) et Munich. Cette semaine d’échanges et de rencontres m’a permis de prendre le pouls de notre communauté française dans ce pays voisin et partenaire essentiel, d’évaluer le fonctionnement de nos services diplomatiques et consulaires, et de réaffirmer l’importance de la relation franco-allemande, notamment dans les domaines éducatif, universitaire et culturel.
Lycée Jean Renoir et services consulaires
Ma journée à Munich a débuté par la visite du Lycée Jean Renoir, qui, après avoir connu une baisse d’effectifs ces dernières années, voit aujourd’hui ses inscriptions repartir à la hausse. J’ai échangé avec la direction, les représentants du personnel et les élèves, notamment les représentants au CVL, au conseil d’établissement et les éco-délégués.
Plusieurs enjeux ont été abordés, dont le bornage, qui continue de poser problème pour les enseignants, le statut des AESH (accompagnants pour élèves en situation de handicap), qui reste précaire malgré leur rôle déterminant auprès d’élèves à besoins particuliers, et les disponibilités des personnels de l’Éducation nationale, avec la limite des cinq ans valorisables dans leur carrière et les difficultés rencontrées par certains en cas de séparation conjugale.
Lors d’entretiens avec le Consul général, Alexandre VULIC, le chef de chancellerie Marc-Antoine FREBUTTE, et Pascal GUAY, en charge des affaires sociales, vendredi, nous avons pu échanger sur la stratégie consulaire pour développer les équipes en Bavière et dans le Bade-Wurtemberg, régions dynamiques avec une forte vie associative, et le contexte politique en Bavière, notamment après les récentes élections plaçant la CSU et la CDU au centre du paysage politique. Nous avons également discuté de plusieurs sujets clés, parmi lesquels France Connect, qui pose des difficultés d’accès à certains usagers, les tournées consulaires, un service apprécié mais difficile à développer par manque de crédits, ou le temps consacré à chaque usager, notamment pour accompagner les personnes en situation de vulnérabilité.
Coopération universitaire et culturelle
Lors de cette étape, j’ai également rencontré Emmanuel DELILLE, attaché de coopération pour la recherche et l’enseignement supérieur, son homologue en charge de la coopération universitaire pour la Bavière, Axel HONSDORF, et Benoit BLASER, élu Grünen en Bavière. La coopération scientifique franco-allemande y est particulièrement forte, Munich étant l’un des principaux pôles d’excellence scientifique en Allemagne.
Nous avons également discuté de la liberté académique et des différences entre les systèmes de recherche français et allemand : en France, un statut plus stable mais des salaires plus bas ; en Allemagne, des salaires plus élevés, mais un accès très difficile à des postes permanents dans les universités.
L’après-midi a été consacrée à la visite de l’Institut français et à des échanges avec les équipes, puis à une discussion approfondie avec le Directeur de l’Institut, la Secrétaire générale et l’attachée de coopération pour le français. Nous avons échangé sur le développement d’une programmation culturelle ambitieuse, malgré des moyens de plus en plus limités.
Rencontres avec la communauté française
En soirée, j’ai eu le plaisir de rencontrer des membres de la communauté française de Bavière lors d’une réunion publique à l’EineWeltHaus.
Ce déplacement m’a permis de rencontrer des représentants d’associations françaises de Munich, notamment La Ruche, un réseau de professionnels francophones, et les deux associations FLAM de Munich sur les difficultés rencontrées par le réseau FLAM, tant au niveau local qu’au niveau national. Les problématiques soulevées concernent principalement les subventions (les associations FLAM sollicitant davantage des financements pour leur fonctionnement global plutôt que des aides spécifiques par projet) et la mobilisation des bénévoles, un défi commun à de nombreuses structures associatives, notamment pour assurer les rôles essentiels au sein des bureaux et conseils d’administration.
Nous avons également discuté du Forum du développement durable, organisé depuis l’année dernière à Munich. Cet événement permet de rassembler associations et entreprises autour des enjeux de l’environnement et du développement durable, favorisant ainsi les échanges et la coopération sur ces thématiques essentielles.
J’ai également pu échanger avec les associations françaises de Munich et de Bavière sur leurs projets.
J’étais accompagnée pour cette dernière rencontre par Frédéric ZUCCO et Ellen BOUVERET, tous deux conseillers des Français de l’étranger pour l’Allemagne du Sud.
Conclusions et perspectives
Ce déplacement en Allemagne m’a permis de prendre la mesure des défis auxquels sont confrontés nos compatriotes et nos institutions dans ce pays. J’ai été particulièrement sensible aux questions éducatives et universitaires, notamment :
- Le fonctionnement de nos établissements scolaires et les préoccupations des parents et des personnels
- La situation des programmes universitaires franco-allemands, comme le cursus doctoral en histoire de Heidelberg
- Le rôle essentiel des Instituts français dans la promotion de notre langue et de notre culture
- Le dynamisme de notre réseau associatif, qui contribue grandement à l’animation de notre communauté et à l’intégration de nos compatriotes
La Conférence de sécurité de Munich, qui s’est tenue une semaine avant mon arrivée, et les évènements depuis, rappellent la nécessité pour l’Europe, et en particulier pour le couple franco-allemand, de renforcer ses alliances stratégiques dans des domaines clés comme la défense et l’espace. Munich, centre majeur de la recherche et de l’industrie spatiale en Allemagne, illustre le potentiel d’une coopération renforcée dans ces secteurs d’avenir. Cette édition a mis en lumière les préoccupations croissantes face aux déclarations du vice-président américain, J.D. Vance, remettant en question la liberté d’expression en Europe et prenant ses distances avec les alliés traditionnels des États-Unis au profit de modèles russes ou chinois.
Je tiens à remercier chaleureusement tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce déplacement, notamment Stéphan MAIGNÉ, Audrey LECLERC et Frédéric ZUCCO, conseillers des Français de l’étranger qui m’ont accompagnée et soutenu dans l’organisation de ce déplacement, ainsi que les équipes consulaires, les directeurs et personnels des Instituts français, les responsables d’établissements scolaires et universitaires, les représentants d’associations qui dynamisent notre présence en Allemagne et mon équipe au Sénat.
Les enseignements tirés de cette mission nourriront mon action au Sénat, particulièrement au sein de la Commission Culture, Éducation et Enseignement supérieur. Je m’engage notamment à relayer les préoccupations exprimées concernant le financement des programmes doctoraux franco-allemands et à œuvrer pour le renforcement de notre coopération éducative et universitaire avec l’Allemagne, pilier fondamental de la construction européenne.










