Du 20 au 28 février 2025, j’ai effectué un déplacement en Allemagne qui m’a conduite successivement à Berlin, Stuttgart (avec des visites à Mannheim et Heidelberg) et Munich. Cette semaine d’échanges et de rencontres m’a permis de prendre le pouls de notre communauté française dans ce pays voisin et partenaire essentiel, d’évaluer le fonctionnement de nos services diplomatiques et consulaires, et de réaffirmer l’importance de la relation franco-allemande, notamment dans les domaines éducatif, universitaire et culturel.
Services consulaires et accès à l’emploi
Ma première journée à Berlin a débuté par une visite de la section consulaire de l’ambassade, où j’ai pu échanger avec les agents. Ces échanges sont précieux pour comprendre les défis quotidiens auxquels font face nos compatriotes à l’étranger et les moyens mis en œuvre par notre réseau diplomatique pour y répondre. Une attention particulière a été portée aux questions d’état civil, centralisées à Berlin pour toute l’Allemagne, ainsi qu’à la dématérialisation des services publics. Cette dernière représente un enjeu majeur : il s’agit d’améliorer l’accessibilité pour les usagers tout en veillant à ne pas exclure les personnes en situation d’illectronisme ou plus vulnérables.
À midi, j’ai eu le plaisir de participer au Café de l’Emploi organisé conjointement par l’association Emploi Allemagne, présidée par Anne-Chrystelle BÄTZ, Pamela STENZEL (avocate et consultante) et Nathalie LE BESCOND (Frauenalia). Cet événement, partiellement financé par une subvention STAFE (Soutien au Tissu Associatif des Français à l’Étranger), représente une initiative particulièrement intéressante pour aider nos compatriotes dans leur recherche d’emploi et leur intégration professionnelle en Allemagne. Auparavant, les services consulaires proposaient une assistance spécifique pour l’insertion professionnelle, mais cette aide ayant été supprimée, un besoin réel d’accompagnement s’est fait sentir à travers l’Allemagne.
Institut français et rencontres diplomatiques
L’après-midi a été consacrée à la visite de l’Institut Français de Berlin, où j’ai été accueillie par Sophie COUMEL, directrice déléguée. L’établissement joue un rôle clé dans la diffusion culturelle, proposant des cours et soutenant de nombreux programmes franco-allemands, avec une programmation riche en arts visuels, théâtre, danse et littérature. Des événements tels que la Semaine du cinéma français illustrent son dynamisme.
J’ai ensuite eu un entretien avec Monsieur l’Ambassadeur François DELATTRE, suivi d’échanges avec Anne-Lise BAGREL, première conseillère, et Grégoire MARTIN-LAUZER, conseiller politique intérieure. Nous avons discuté de l’impact des élections allemandes sur l’Europe et les relations franco-allemandes, ainsi que des enjeux de souveraineté européenne dans un contexte géopolitique tendu.
Échanges avec le Club V.I.E et les Écologistes berlinois
J’ai également eu l’opportunité de participer à un échange avec le Club V.I.E, une rencontre qui m’a permis d’aborder les préoccupations des jeunes Français installés à Berlin, volontaires internationaux ou anciens volontaires, ainsi que leur regard sur la politique française et allemande. Cet échange a été particulièrement instructif pour comprendre les enjeux spécifiques auxquels ils sont confrontés et leur vision des politiques publiques.
J’ai ensuite rencontré le groupe des Écologistes berlinois (Die Grünen), avec qui nous avons discuté des grandes questions liées aux élections allemandes, mais aussi du contexte politique en France. Nous avons notamment abordé les attaques actuelles contre la défense de l’environnement, de la biodiversité, ainsi que les droits humains et la justice sociale. Ce fut une discussion riche et essentielle sur les défis écologiques et démocratiques que nous devons relever ensemble.
École Voltaire et échanges avec la communauté française
Le lundi 24 février, ma journée a débuté par une visite de l’École Voltaire, où j’ai été accueillie par François CORNU, proviseur du lycée français de Berlin et de l’école Voltaire, et Emeline BURY, directrice de l’école. J’ai pu rencontrer successivement les représentants des parents d’élèves, visiter l’établissement et m’entretenir avec la direction.
Cette école illustre la richesse des relations franco-allemandes à travers un système éducatif particulier, distinct du reste du réseau de l’AEFE. L’École Voltaire accueille les élèves jusqu’à la fin de l’école primaire, avant qu’ils ne poursuivent leur scolarité au lycée franco-allemand.
L’un des enjeux majeurs pour cet établissement est la capacité d’accueil, dans un contexte où la demande d’enseignement en français à Berlin est très forte. Les listes d’attente sont importantes, et des investissements immobiliers sont nécessaires pour permettre l’agrandissement de l’école. Je me suis mobilisée à plusieurs reprises pour que les établissements en gestion directe (EGD) du réseau AEFE puissent à nouveau emprunter, une possibilité aujourd’hui limitée par des contraintes budgétaires et qui nécessite des réserves financières suffisantes. Cet enjeu est central pour l’AEFE, qui doit composer avec un contexte financier chaque année plus complexe.
À midi, j’ai déjeuné avec les conseillers des Français de l’étranger et les représentants d’associations, en présence notamment de Stephan MAIGNÉ, président du conseil consulaire, Philippe LOISEAU, conseiller des Français de l’étranger, Raphaëlle DEDOURGE, présidente de l’association Les Nouvelles Voix qui accompagne les femmes entrepreneures dans la création et le développement de leurs activités tout en favorisant le réseautage entre elles, Xavier DOUCET, président de l’Union des Français de l’Étranger à Berlin, ainsi qu’Éric HERROUIN, chef de la section consulaire de l’ambassade. Ces échanges sont particulièrement utiles pour comprendre les enjeux locaux et les préoccupations de nos compatriotes.
Coopération culturelle et linguistique
L’après-midi s’est achevée par un entretien avec Thomas MICHELON, conseiller de coopération et d’action culturelle et directeur de l’Institut Français d’Allemagne, avant mon départ en train pour Stuttgart. Notre discussion a porté sur l’enseignement des langues : l’apprentissage du français en Allemagne se maintient à 1,3 million d’apprenants, contre 700 000 apprenants pour l’allemand en France. Cette dynamique linguistique est un enjeu essentiel de la coopération bilatérale.
L’Institut français joue aussi un rôle clé dans le soutien aux industries culturelles et créatives. Plusieurs bureaux spécialisés, comme ceux du théâtre et de la danse, des arts visuels ou encore le bureau Export musique du Centre national de la musique (CNM), participent à cette mission. Ce dernier bénéficie désormais d’un meilleur financement grâce à l’instauration d’une taxe sur le streaming, un sujet sur lequel j’ai activement travaillé au sein de la Commission Culture au Sénat.
Nous avons également évoqué les objectifs de modernisation des dispositifs afin d’attirer un public plus jeune, notamment en abordant des thématiques qui les concernent directement, comme les Parlements des rivières. Inspirés de l’expérience menée sur la Loire en France, ces initiatives pourraient être déployées en Allemagne, par exemple autour de la Spree, le fleuve traversant Berlin.
Enfin, nous avons abordé la nécessité d’un renforcement de la présence française en Allemagne de l’Est, tant sur le plan culturel qu’économique et linguistique. Il est urgent d’investir davantage dans ces régions pour y consolider la coopération bilatérale et renforcer l’apprentissage du français.















