La 42ème session de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) s’est tenue du 10 au 14 mars 2025 à Paris, un rendez-vous essentiel pour notre communauté hors de France et les élus, que j’ai eu le plaisir de suivre avec attention. Cette session a été marquée par des discussions substantielles et des propositions constructives, malgré un contexte budgétaire particulièrement contraint.

En ouverture, Laurent SAINT-MARTIN, ministre délégué aux Français de l’étranger – le cinquième depuis le début de mon mandat – a présenté ses trois axes prioritaires : la sécurité, la modernisation consulaire et la protection sociale. Face aux crises géopolitiques qui se multiplient, plusieurs groupes d’élus ont légitimement appelé au renforcement de nos dispositifs de protection et à une coordination renforcée entre postes consulaires et conseillers lors des évacuations d’urgence.

Le volet modernisation consulaire a permis d’annoncer plusieurs innovations numériques bienvenues : renouvellement des passeports sans comparution, extension du service France consulaire à 98 pays (couvrant 62% des inscrits au registre), certification de l’identité numérique dans six postes pilotes, et paiement dématérialisé des droits de chancellerie d’ici juillet. Le ministre a souligné que cette dématérialisation ne signifierait pas « un recul de l’humain » – un point de vigilance que nous suivrons bien sûr attentivement.

L’un des temps forts de cette session a été le lancement des Assises de la protection sociale des Français de l’étranger, projet que notre groupe Écologie & Solidarité réclamait depuis longtemps. Ces assises se dérouleront sur sept mois et aborderont trois thématiques essentielles : les aides sociales directes et indirectes, les bourses scolaires et AESH, et le fonctionnement de la Caisse des Français de l’étranger. Si nous saluons cette initiative, nous avons toutefois interpellé le ministre quant à l’impératif fixé par le gouvernement de travailler « à budget constant ». La protection sociale ne peut se construire uniquement sous le prisme de l’austérité, mais doit avant tout servir la justice sociale et la solidarité envers nos compatriotes les plus vulnérables.

Dans le domaine de l’enseignement français à l’étranger, le groupe Écologie & Solidarité a porté une résolution majeure visant à suspendre l’application du « bornage » qui limite les détachements des enseignants à six années scolaires consécutives. Cette résolution, adoptée à une large majorité, témoigne d’un consensus sur l’impact néfaste de cette mesure sur la continuité pédagogique et l’attractivité du réseau AEFE. J’ai personnellement interpellé le gouvernement sur ce sujet, conjointement avec ma collègue Mélanie VOGEL, invitant le ministre délégué à porter cette demande d’abrogation auprès du Ministère de l’Éducation Nationale.

Les inquiétudes budgétaires ont été au cœur des débats, avec plusieurs alertes concernant les réductions drastiques affectant le programme budgétaire 151. Les élus ont souligné une baisse préoccupante de plus d’un million d’euros pour les affaires sociales en 2025, alors que « les besoins dépassent largement les fonds disponibles ». De même, les coupes de 38 millions d’euros dans l’enseignement français à l’étranger et la suppression de 105 postes suscitent de vives préoccupations. La chute du nombre de boursiers, passé de 10% à 5% entre 2007 et 2013, menace directement la mixité sociale au sein du réseau et l’objectif de doublement des effectifs à l’horizon 2030.

Le financement du STAFE (Soutien au Tissu Associatif des Français à l’Étranger) a également largement fait débat. Ce dispositif essentiel ne dispose désormais que de 1,5 million d’euros face à des demandes atteignant 2,5 millions. Comme l’ont justement souligné plusieurs élus du groupe Écologie & Solidarité lors de cette session, « les associations se substituent aux services publics sous-financés » et méritent un soutien à la hauteur de leur engagement.

Enfin, le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a annoncé deux initiatives de communication visant à valoriser nos compatriotes expatriés : une newsletter mensuelle destinée aux Français inscrits au registre et des portraits hebdomadaires mettant en lumière les parcours d’expatriation, qui seront également diffusés en France. Cette volonté de « casser les stéréotypes sur les Français de l’étranger » est une démarche que nous soutenons pleinement.

Dans un contexte international complexe et face aux défis budgétaires actuels, cette session de l’AFE a démontré l’engagement et la détermination des conseillères et conseillers des Français de l’étranger à défendre vos intérêts. Si nous saluons les avancées annoncées en matière de modernisation et de représentation, nous continuerons à porter une vigilance particulière sur les moyens alloués aux services essentiels – protection sociale, enseignement, soutien associatif – qui font le lien indispensable entre notre pays et les Français où qu’ils se trouvent dans le monde.